Avec ses nappes à carreaux, ses charcuteries lyonnaises et ses plats régionaux concoctés par la talentueuse Filipa aux fourneaux, la cuisine d’Émilien Lesourd fait honneur à la gastronomie française. Ouvert il y a un an et demi, l’Ami Malo a tout du bistrot parisien. Avec en prime une grande terrasse en bois pour les beaux jours.
L’ami Malo porte bien son nom. L’ accueil est chaleureux et détendu. Niché à quelques pas du centre de Graça, fréquenté par de nombreux habitants du quartier, ce petit coin de France aux 40 couverts a vu le jour sous l’impulsion d’un jeune entrepreneur de 38 ans, venu de Londres où il tenait, avec un associé, une crêperie qui, aux heures de pointe, nécessitait jusqu’à 12 employés. En 2014, Émilien a failli ouvrir un café à Rio de Janeiro, mais le destin en a décidé autrement. Né à Paris, il déménage en famille, à l’âge de 13 ans, à Londres. Son père, entrepreneur aguerri, a investi dans l’aviation privée. Sa mère, ancienne directrice commerciale chez Renault, a opté pour la chanson et enregistré quelques disques. Aujourd’hui, seule sa jeune soeur vit encore à Londres.
Son frère cadet, après des études de physique quantique à Harvard, s’est établi à Boston. Ses parents ont repris le chemin de l’aventure. Ils ont mis le cap sur l’Italie. Seul aux commandes, Émilien a de l’énergie à revendre. Pourtant, le chemin parcouru était semé d’embûches. D’abord, il a fallu apprivoiser la culture locale ; s’adapter au rythme des démarches administratives ; affronter les difficultés à recruter ; utiliser l’expérience acquise dans une société parisienne d’événementiels (GL Events) pour se différencier, après avoir testé tous les restaurants français existants. Ensuite, il a fallu rechercher un lieu qui correspond au cahier des charges. Exit Príncipe Real, hors de prix, Émilien choisit un quartier en devenir. À peine ouvert, il doit faire face aux 50 dénonciations des habitants de la contre‑allée voisine, pour quelques centimètres de terrasse, qui en aucun cas ne gênaient le passage, puis tout modifier sur ordre de la mairie. Au total plusieurs centaines de milliers d’euros de dépenses, un optimisme intact et une véritable exigence de travail qui se reflète dans les assiettes, qu’il s’agisse du tartare de boeuf, de la fondue savoyarde ou du confit de canard. Une expérience gustative réconfortante et savoureuse à ne pas manquer.
• YETTY HAGENDORF
Rua da Penha de França, Lisbonne
Tél. : +351 218 120 118
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