BERTRAND ET PEGGY

le pari des gaufres belges

par admin
0 commentaire
En 2020, Bertrand et Peggy décident de changer de vie. Ils se donnent trois ans pour réussir avant de regagner la Belgique et de savourer leur retraite. Mais rien ne se passe comme prévu.
l y a d’abord le parfum. Des notes de vanille, des effluves de sucre caramélisé qui flottent dans l’air et chatouillent les narines. Une odeur obsédante qui ramène aux souvenirs d’enfance. Puis surgit le camion, bleu comme un schtroumpf de Peyo. L’auvent est peuplé de personnages et de symboles du plat pays: Tintin, l’Atomium, Manneken-Pis. Il faut trois à cinq minutes au couple Devleeschouwer et Van Meerbeek pour préparer une gaufre. La première bouchée croquée dans la mie chaude et moelleuse réveille les papilles des passants, et bientôt le petit stand de Setubal est envahi de gourmands. Les bons jours, Bertrand (60 ans) et Peggy (54 ans) vendent 250 gaufres. À des prix oscillant entre 4,50 et 6,50 euros suivant les accompagnements: fruits, chantilly, etc.

Après une formation en boucherie-charcuterie, Bertrand a longtemps travaillé pour un traiteur. Successivement responsable boucherie, fromagerie ou pain, il a 27 ans lorsqu’on lui propose un poste au Por-tugal. Il arrive à Palmela. Il est responsable du conditionnement, du contrôle qualité et de la production pour le compte d’une société belge, Avicasal, rachetée plus tard par Soja Portugal.

En 2005, il rentre en Belgique auprès de ses parents vieillissants. Les banques traversent une grosse crise, le Portugal est un pays instable.
En Belgique, il rencontre Peggy, elle assure le service après-vente des véhicules Mercedes, Volvo et Mitsubishi. Mais deux ans plus tard, tout bascule. Peggy est atteinte d’un cancer. Ils déménagent près de Louvain, non loin de l’hôpital où elle est prise en charge. Contraint de trouver un travail, Bertrand accepte le premier emploi qui se présente, il devient inspecteur du nettoyage et de la sécurité à l’Université Libre de Louvain. Lépreuve secoue leur appétit de vivre. En 2020, Bertrand propose à Peggy une nouvelle aventure au Portugal et ils décident de fabriquer des gaufres !

Expert qualité, Bertrand est exigeant. Tous les quatre mois, un camion arrive du plat pays avec une palette et demie de denrées (farine, sucre perlé, etc.) aussitôt stockées dans un lieu spécialement aménagé dans leur maison d’Azeitão. On y trouve aussi quatre réfrigérateurs et trois congélateurs. Belém refuse, mais Setúbal accueille le camion bleu à bras ouverts. Depuis, hiver comme été, Bertrand et Peggy sont dans leur camion. Ils acceptent les fêtes privées, les contrats en entreprise, ceux des ambassades, mais refusent les trop grandes manifestations pour ne pas compromettre la qualité. Le retour en Belgique ? Ils n’y pensent même plus. La plage de Meco et les escapades dans la Serra da Arrabida les ravit, même si les revenus restent modestes. Pour 2024, Bertrand songe aux moules-frites. « Bougre de zouave » aurait vociféré le Capitaine Haddock !

• YETTY HAGENDORF

Laisser un commentaire

Lisboète magazine, le trimestriel francophone qui traite d’expatriation mais aussi de sujets de société, culture, gastronomie, et bien plus encore sur Lisbonne et le Portugal.

© Tous droits réservés © Lisboète Magazine – 2024 Designed and Developed by Rexdot Studio
Êtes-vous sûr de vouloir déverrouiller cet article
Déverrouiller à gauche : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement